Title: Témoignange de Thérèse ASSOMO à sa sortie de prison

Decription:

ASSOMO: J'ai dit que ce régime qui fait en sorte que les enfants n'aient pas d'emploi, c'est ce régime que je pile.

Original document sources:

ASSOMO: J'ai dit que ce régime qui fait en sorte que les enfants n'aient pas d'emploi, c'est ce régime que je pile.

C'est le commandant de compagnie lui-même qui m'a torturé. Elle montait sur moi disant «Tu ne peux aller faire ça chez toi? Vous les bamilékés»

Il y'a eu quand-même les pleurs, la séparation. Mais j'étais à l'aise, j'étais fière.

Journaliste: L'histoire d'une passionnée, d'une jusqu'au boutiste qui vient d'achever son séjour en prison. Thérèse Assomo alias «Mama Pilon» a purgé sa peine de 2 ans. libre depuis le 30 septembre 2022

ASSOMO: Il y'a eu quand-même les pleurs, la séparation. Mais j'étais à l'aise, j'étais fière.

Après 2 ans. 2 ans que je ne croyais pas sortir parce que les gens meurent en prison. Devant toi tu vois quelqu'un rendre l'âme. Tu dors avec quelqu'un, on te dit qu'il est mort. Tu as causé avec quelqu'un à 15 heures, à 17 heures on te dit qu'il est mort.

J'ai été fière, j'ai été vraiment fière, très fière.

Journaliste: Une fierté qui cache mal un passé douloureux dans les geôles de la prison principale de Mfou

ASSOMO: Ça ne donnait pas. Quand j'entrais c'était un nouveau monde pour moi. D'être quelque part que je ne connais pas et je ne croyais pas être un jour. Pour moi c'était difficile si bien que j'étais malade chaque jour.

Journaliste: 8 au départ, Thérèse restera seule à Mfou, les 7 autres ayant été déférés à Yoko

ASSOMO: J'étais encore plus terrorisée. J'ai passé le temps à pleurer, le temps à pleurer, le temps à pleurer, le temps à pleurer et je n'avais personne à côté pour me consoler

En ce moment, en ce jour solennel que je sors de la prison principale de Mfou pour avoir fait ce qui est normal pour mon pays, pour avoir dit ce qui est vrai, j'ai été incarcérée et le temps que Dieu a voulu ...que je sorte. J'aimerais dire une chose, nous ne luttons ni contre la chair, ni contre le sang, mais contre les esprits qui nous gênent.

Journaliste: Au Commencement de ce calvaire, la détermination du patron pour du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun dans le Dja et Lobo, son département d'origine ainsi que celui du président national du RDPC et président de la République, a marché le 22 septembre 2020. Ils seront stoppés net au carrefour Nkoabang, à Yaoundé.

ASSOMO: Je porte un drapeau vert-rouge-jaune, le communal portait un drapeau vert-rouge-jaune, les autres avaient...nous tous on avait l'arbre de la paix.

Quand on arrive, on arrête d'abord 2. Moi j'étais vers Santa Lucia, les autres étaient dispersés que je ne les voyais plus. J'entends seulement l'autre 

- «Il y'a quoi ici? Il y'a quoi ici?»

-...je dis «Eh eh, il y'a quoi ici, il y'a même quoi la-bas»...tourourou ekieh, je pars, il y'a quoi ici

on arrête on jette dans la voiture...il y'a quoi ici...? 

Je viens aussi avec mon drapeau que je viens voir ce qui se passe. 

- On dit «voilà l'autre, arrêtez la»

- Je dis, «voilà l'autre», il y'a même quoi?

- Monte la-bas dans la voiture

On m'a torturé les yeux.

C'est le commandant (de compagnie) lui-même qui m'a torturé. Il avait le policier qui me tirait les cheveux. Dès qu'il soulève ma tête, ils mélangeaient ses deux bras, il tapait sur ma tête ci. Ma tête est devenue gros[se]. Le sang dans les yeux , partout.

On m'a pris, on m'a posé sur le communal disant que c'est mon mari. C'est moi qui suis sa femme. On m'a tapé avec la machette. C'était les machettes et les matraques plus les rangers. J'ai encore les séquelles sur moi des rangers...j'ai encore. 

Mon dos ci, une femme, qui était plus grasse que moi, elle travaillait à la compagnie de Mfou, elle montait sur moi disant «Tu ne peux pas aller faire ça chez toi, vous les Bamilékés. Tu ne peux aller faire ça chez toi. C'est chez nous que tu viens faire ça? Einh? Qui t'a envoyé? Je vais t'écraser, je vais même te tuer!»

C'est de là où le commandant de compagnie vient encore, il m'arrache la chaîne que je portais au cou. Il coupe, il enlève le médaillon. Il coupe, il dit «Mange ça, tu avales». Oui! Il a coupé...il a coupé en 3 il dit «Mange, tu avales!». Je lui ai dit que je ne peux pas avaler la chaîne, c'est un fer, et je ne peux pas marcher. Il dit «Tu vas manger!». 

Bref, on a finit de nous torturer, j'ai porté le foulard comme ça parce que...c'est de là où le commissaire XXX OWONDO? , prend il voit mon attestation de paix, il dit «Qui s'appelle Assomo ici», je me suis tu. Il a demandé trois fois j'ai dit «c'est moi». Il dit «Tu es Ewondo, tu pars dans la chose des Bamilékés?». Je lui dit «Ne sont t-ils pas camerounais?»

Journaliste: Le 30 septembre de la même année, «Mama Pilon» et 28 militants sur l'ensemble du territoire sont condamnés à 2 ans d'emprisonnement ferme.

ASSOMO: J'ai pris ça avec joie parce que ...j'ai pris mon parti et je ne pouvais pas rentrer en arrière, et je ne pourrais rentrer en arrière. J'ai pris avec joie. C'est pour mon parti, pour la nation, pour avoir défendu...pour avoir parler une vérité de ma nation qui règne.

Journaliste: Le chemin de croix de la pensionnaire de Mfou contamine sa famille restée à Sangmélima. 

ASSOMO: Ceux qui étaient à l'école, on les a chassé des établissements, privés (hein) et catholiques. Les prêtres, ils ont dit parce que je fais la politique du MRC chez Kamto mes enfants ne doivent pas aller à l'école. Aucun établissement de Sangmélima ne les a acceptés. On les a chassés. Les gens prennaient même les décisions de les prendre [que]...la prise en charge...chasser même de la maison là qu'ils vivaient le jour ou m'a arrêté. On les a mis dehors.

Les champs que j'ai cultivé là, la bailleresse a dit...c'est son terrain. Qu'on ne mange pas ça. J'ai acheté un terrain qu'actuellement ils sont partis déterrer les bornes disant que je ne mérite pas une chose de Sangmélima.

Le comptoir où je vendais, les agents de la mairie sont venus le porter. Le comptoir que je paie, que je payais, ils sont venus porter.

Journaliste: Et les enfants ont continué l'école où?

ASSOMO: Ils n'ont pas fréquenté. Ils n'ont pas fréquenté l'année là, 2020/2021, ils n'ont pas fréquenté l'année là.

Ma propre maman, on partait la menacer...le sous-préfet de Sangmelima envoyait les gens la menacer. Une pauvre mère. Elle est dans le RDPC hein!

Mon petit-frère a fermé l'atelier de menuiserie. Il ne voulait plus...pas qu'il ne voulait plus, il avait peur. 

Journaliste: Une peur qui n'est pas du goût de la départementale qui reste déterminée à poursuivre son combat.

ASSOMO: «Mouillé, c'est mouillé» quelqu'un l'a dit. J'irais de l'avant. Je ne recule pas. J'ai fait mon choix comme tout un chacun peut prendre son parti...peut décider d'adhérer dans un parti...il y'a plusieurs partis. Chaque camerounais a pris son parti, pourquoi m'en vouloir moi qui suit dans le MRC?  Je le ferai!

Journaliste: Pour Thérèse, l'origine d'un leader ne compte guère, seule son idéologie prône.

ASSOMO: Si nous voyons une personne qui veut faire avancer le pays, soutenons le car je suis dans le MRC et le MRC veut un changement d'idées parce que nous travaillons avec les idées pas avec le cœur...la tête. Si nous travaillons avec le cœur nous allons tout détruire mais si nous travaillons avec la tête nous allons réussir. Les idées rassasient plus que la nourriture.

Moi je veux piler le régime, le régime de Biya comme-ça, comme je pile le plantain ci...il faut arrêter un peu

Journaliste: Vous vous souvenez certainement de Thérèse ASSOMO dans cette vidéo qui l'a rendue célèbre avant son calvaire.

ASSOMO: J'ai dit que «ce régime qui fait en sorte que les enfants n'aient pas des emplois, c'est ce régime que je pile.»

Journaliste: Et c'est par là que vous êtes devenu «Mama Pilon»

ASSOMO: Et c'est par là que je suis devenu «Mama Pilon»

Journaliste: C'est la liberté provisoire pour Thérèse

Rose Sara (Fille de Thérèse): C'est inexplicable, c'est inexplicable. On a vécu 2 ans d'enfer, loin de...bon en fait c'est notre pilier, c'est notre tout.

[Une autre voix]: On est contente

Rose Sara: Ça ne...ça ne s'explique pas, ça ne s'explique pas. On remercie tout simplement le seigneur.

Journaliste: Également condamnée à 6 mois de prison avec sursis pour avoir distribué des cache-nez pendant la période Covid. Cette femme, mère de 6 enfants, 5 arrières petit-fils et à bientot 60 ans n'a plus d'abris ni d'emploi. Elle a été chassée de chez-elle à Sangmélima pour son engagement politique.